L’interview des auteurs

⏳Temps de lecture : 7 min

Vous êtes deux auteurs, comment avez-vous coopéré ? 

[Ségolène]: C’est JB qui a été contacté par Dunod du fait de ses contributions antérieures sur la collection les 5 Clés et lui aussi qui a eu l’idée de l’approche par polarités et identifié celles qui lui parlaient le plus ainsi que les modèle de comportements. Ca faisait presque 2 ans qu’il était dans l’aventure quand il m’a proposé de ‘monter à bord’, d’abord pour relire, ou commenter... et puis, je me suis prise au jeu. 

[Jean-Baptiste].. J’avais envie de partager la fin de l’aventure, d’avoir une personne avec un regard ‘critique’ .. Ségolène est passée de la relecture à la contribution et à la co-écriture sur la fin. Notre idée est aussi de collaborer pour des formations autour de ce thème pour poursuivre notre rencontre qui se renouvelle depuis 35 ans. 

Pourquoi ce sujet et cette approche? 

Le sujet de l’assertivité est une commande de Dunod qui souhaitait compléter sa série des 5 Clés avec cet ouvrage. 

[Jean-Baptiste] L’angle que j’ai adopté est l’assertivité au service de la rencontre, en d’autres termes, mon idée était de développer une affirmation de soi vers l’autre et de transformer les interactions superficielles ou conflictuelles en rencontres. Comment ‘prendre sa place’ dans la relation, c’est trouver la posture qui me permet à moi d’exister mais aussi à l’autre. Selon ma personnalité, ça veut dire, aller plus vers l’autre, oser prendre sa place ou au contraire, se mettre en retrait pour ne pas écraser l’autre et laisser de l’espace pour les deux. 

Tout d'abord parce que l'on vise la rencontre, ce que nous proposons n'est pas "s'affirmer davantage pour prendre plus de place… mais pas trop pour ne pas nuire à l'autre”. Nous proposons un chemin d'exploration, de prise de conscience et de développement de sa manière singulière d'entrer en relation et d'agir ensemble en trouvant sa place. 

Plutôt que d'abandonner une manière de faire, pour aller vers une assertivité "normée", nous proposons non pas de quitter son style, ses préférences mais plutôt de les compléter avec un antidote, une polarité complémentaire. 

La littérature abonde sur ce sujet – le tour de la question n’a-t-il pas déjà été fait? 

En effet, il existe de nombreux modèles dont la plupart oppose l’assertivité à 3 autres comportements, agressif, passif ou manipulatoire. De ces modèles se dégage l’idée qu’il y a 1 comportement approprié et 3 comportements ‘malsains’.. J’ai trouvé intéressant de creuser davantage cela et d’amener quelques clés de décryptage des comportements relationnels, enrichir le concept d’assertivité en introduisant des nuances et donner des clés de transformations applicable sur soi.  

L'idée aussi était de quitter l'approche habituelle de lutter contre "3 tendances négatives" pour adopter un comportement positif assertif unique. J'ai eu envie de donner du relief et de la profondeur à ce comportement assertif souhaité. Et de rechercher des polarités qui habitent chacun et permettent de développer une navigation assertive basée sur le fonctionnement de chacun. Non pas lutter contre soi, mais s'enrichir de nouveaux comportements favorisant la rencontre. 

Et les Polarités dans tout ça ? 

C’est une notion que j’ai croisée et recroisée au fil des années tant dans ma vie personnelle que professionnelle. J’aime la vision ou grille de lecture nuancée que le prisme de polarités amène sur une situation. C’est donc assez naturellement que j’ai pensé à utiliser les polarités pour appréhender l’assertivité et ça fonctionne bien aussi avec l’approche en plusieurs clés de la collection. 

Comment cela fonctionne-t-il ? 

Nous partons du principe qu'un manque d'assertivité, c'est avant tout un manque de flexibilité. Il y a des rencontres réussies dans ma vie. Et d'autres ratées. La rencontre réussie c'est celle que j'effectue sans effort, sans perte d'énergie, sans émotions paralysantes, par exemple. 

La rencontre ratée, c'est celle que j'évite, que je tente éventuellement, mais qui reste en surface. C'est aussi celle que je crois avoir réussi, mais qui ne "prend" pas. 

De façon classique, "manquer d'assertivité" c'est ne pas savoir dire non, ne pas oser, se faire marcher sur les pieds. Mais c'est aussi vouloir tellement se protéger que j'en agresse l'autre. Parfois c'est se sentir tellement coincé que je mets en œuvre des stratégies de contournement, des doubles discours, des approches de façade. 

Et la psychologie dans tout ça? 

Ce n'est ni notre formation, ni notre angle. Il existe beaucoup de littérature et de stages pour "nettoyer", prendre soin ou traiter nos blessures, nos fonctionnements pathogènes, nos émotions paralysantes, les croyances limitantes, etc... , qui peuvent effectivement empêcher de s’affirmer. 

Notre ambition est de permettre un nouveau regard de chacun dans sa relation à l'autre et de le faire en intégrant des parties complémentaires, cachées, rejetées. 

Ce travail est d'ailleurs un formidable accélérateur pour toute réconciliation, reconnaissance de l'apport et de la diversité des autres, parfois adversaires. 

C'est quand je commence à laisser s'exprimer des parties rejetées en moi que je commence à écouter des types de personnes rejetées par moi.

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